1 – La note f, de la p. 74, pose bien la question du rapport théologie-Écriture, et je voudrais seulement prolonger un peu la réflexion qu’elle amorce.

En bref, la situation actuelle de la théologie la met dans l’impossibilité de se rapporter l’Écriture comme à une matrice où s’engendre la pensée, mais les conditions de possibilité d’un tel rapport sont maintenant données.

La théologie actuelle reste tributaire, et ce n’est pas un défaut, de l’institution d’une théologie comme science, qui s’est produite aux XII-XIII siècles, et où saint Thomas représente un moment majeur. En raison même du schéma de fond adopté, celui des Analytiques seconds d’Aristote, où la science se définit comme une connaissance à partir des principes, la Bible ne peut être considérée que comme source où on puise des principes. Or, par leur nature même, les principes une fois acquis fonctionnent indépendamment de leur origine, sinon ils ne seraient plus principes, mais seulement conséquences. Une telle structure ne peut donc que constituer la théologie, en son mouvement propre de science, que dans une extériorité par rapport à la Bible. Il faut dire d’ailleurs que théologiens et exégètes s’accommodent fort bien de cette division du travail. L’exégète a l’impression d’y gagner en positivité, en liberté de recherche « scientifique »...